mardi 17 décembre 2013

La première famille humaine, sans père ni mari

Sources le Bistrot de la Rose-Croix

L’avènement du patriarcat à Sumer : quand les nouveaux dieux-pères détrônent l’ancienne déesse

La première famille humaine, sans père ni mari

Gilglamesh
La première famille humaine consistait en une femme et ses enfants. “La famille patriarcale était totalement inconnue”, écrit Lewis Henry Morgan. “Ce ne fut qu’avec l’arrivée de la civilisation attestée qu’elle s’établit”. La paternité et l’idée d’un couple permanent apparurent très tard dans l’histoire humaine. Si tardive, en fait, fut l’idée de paternité que le mot père n’existait pas encore dans la langue indoeuropéenne originelle, comme le fait remarquer le philologue Roland Kent. Même aujourd’hui il y a des peuples qui pensent que le sexe et la grossesse n’ont rien à voir. Bronislaw Malinovski décrit des tribus qui croient qu’un homme doit ouvrir le vagin d’une vierge pour faciliter l’entrée dans l’utérus de l’esprit du futur enfant ; mais l’idée que l’homme ait quelque chose à voir avec la conception du bébé dépasse l’entendement des indigènes.

Les invasions patriarcales

L’éducation de l’enfant par le père biologique (patriarcat) est une révolution relativement tardive dans l’histoire de l’humanité, qui semble avoir commencé au moyen-orient (Sumer-Mésopotamie) en 3500 avant Jésus-Christ (épopée de Gilgamesh), et qui s’est ensuite répandue à travers le monde (invasions aryennes) en écrasant, métissant et assimilant progressivement les civilisations matriarcales. La patriarcalisation des sociétés a commencé par les élites citadines, et faute de registres d’état civil, s’est donc maintenu plus longtemps dans les campagnes (païens), comme en témoigne les vestiges de cultes de déesses-mères : adoration de la Vierge Noire, "mère de Dieu", plus populaire que Jésus; ou encore Hamsa, la main de "Fatima" ou plutôt de la déesse Allat, dans les pays arabes…
« Ce qu’on appelle la révolution patrilinéaire n’a pas été le résultat immédiat d’une prise de conscience de la paternité, car de nombreuses sociétés ont conservé les structures matrilinéaires avec des familles sans pères. C’est le déclenchement des guerres, à partir du IVmillénaire, qui a permis aux guerriers conquérants de disloquer les clans matrilinéaires et de fonder des familles patrilinéaires, dans lesquelles les femmes sont peu à peu soumises à la prépondérance masculine. »
« Un des traits les plus caractéristiques de la famille patriarcale est qu’elle est vouée essentiellement à la procréation et qu’elle exclut pratiquement l’amour de l’époque matrilinéaire, physique, amoral et magique. Cet amour libre, sans péché, sans entraves, ne pénètre qu’exceptionnellement dans le couple conjugal »Jacques Dupuis, Au nom du Père.

La déesse civilisatrice

Dans la mythologie sumérienne, la déesse créatrice Tiamat sortit des vagues de la mer d’Érythrée (le Golfe Persique actuel), sous la forme d’une “femme-poisson” et enseigna aux hommes les choses de la vie : “construire des cités, fonder des temples, élaborer des lois, en bref, leur apprit tout ce qui pouvait adoucir les moeurs et humaniser la vie”, comme le rapporte Bérose de Babylone au 4ème siècle A.C. “À partir de ce moment, [ses] instructions étaient tellement universelles que rien de concret n’y fut ajouté”, dit Polyhistor. On pense que cet événement se passait en 16 000 A.C. approximativement, mais une date beaucoup moins éloignée serait plus raisonnable.

Les nouveaux dieux-pères

La déesse-mère, de l’amour et de la fécondité, fut la première des divinités. Elle fut brutalement détrônée par le premier dieu patriarche Enlil, descendu du ciel (dynastie Annunaki) pour régner sur la Terre et enseigner la "civilisation" (Sumer – Mésopotamie) à ses créatures esclaves, les humains. Le demi-dieu sanguinaire Gilgamesh (Héraclès) conquit la ville d’Uruk, et jeta sa reine prêtresse Inanna aux enfers, avant de l’en sortir contre un mariage forcé. Dès lors rayonna le culte du sang paternel à travers le monde, imposé de force par les dieux-serpents blancs "civilisateurs" venus de la mer céleste (Oannès, Cécrops, Ea… rois dragons et nâgas de Chine et d’Inde…), traversant les océans jusqu’en Amérique (Viracocha, Quetzalcoatl…)…

Les anciennes déesses diabolisées

Marduk contre TiamatCes luttes anti-matriarcales deviennent manifestes dans les mythes qui racontent comment un dieu ou un héros détruit ou esclavage un monstre féminin (océanides) ou un monstre masculin (titans) qui obéit à l’ordre d’une déesse (leur mère, Gaïa, Thétis…). Zeus tue Typhon, « le plus grand monstre que le monde ait jamais aperçu » et qui fut engendré par Gaïa pour se venger sur le père des dieux olympiques. Persée décapite Méduse, la déesse des gorgones. Apollon assujettit l’oracle de la Mère Terre, le serpent Python, et le met à Delphes sous son service. Ces mythes étaient déjà forgés dans la genèse de Babylone qui raconte comment le dieu de la lumière Marduk tua Tiamat, la monstrueuse déesse de la mer, originellement la Vache Céleste (vaches sacrées de l’Inde), et fit de son corps divisé notre monde terrestre. Il est aujourd’hui incontesté parmi les orientalistes spécialistes du monde antique que les animaux mythiques, qui sont combattus et vaincus par les dieux et les héros de sexe masculin, symbolisent l’ancien ordre social de la déesse, ressenti comme monstrueux.

La nouvelle civilisation, proxénète et guerrière

Gilgamesh (Héraclès), le premier roi patriarcheAujourd’hui l’Irak, Sumer, une des plus vieilles sociétés connues, semble avoir institué le mariage aux environs de – 3 000 ans, après des siècles de "gentilité", sans état et sans mariage. En même temps que l’instauration d’un pouvoir fort, de type tyrannique, Sumer connaît la naissance de quelques unes des institutions attachées pour nous à la "civilisation" : la conquête, la sujétion du peuple vaincu, la religion de masse, la construction de villes fortifiées, l’institution d’une armée, du mariage et du travail forcé. Cette réorganisation de la société par les premiers souverains connus, passe par le remaniement du panthéon où règne désormais le dieu Enlil en lieu et place de l’ancienne déesse Ishtar. Le mariage y est alors établi par un contrat en bonne et due forme conclu par une "lettre nuptiale". La prostitution y apparaît également, sous une forme dite "sacrée", c’est-à-dire organisée dans les temples par les prêtres; ces "proxénètes sacrés" qui gèrent les bénéfices de ce lucratif commerce, reçoivent également les futures mariées qu’ils déflorent et initient aux "jouissances de l’amour". Les textes de "L’épopée de Gilgamesh" laissent entendre – explicitement, entre les lignes et par allégories – que l’instauration de ce pouvoir coercitif déclencha des rébellions et de terrifiantes représailles. La violence sexuelle y est également très présente, de même que la terreur légale et la répression des insoumis.
Le développement historique de cet arrangement social, qui eût lieu durant le deuxième millénaire avant Jésus-Christ, est ainsi décrit par Dr. Gerda Lerner, historienne de l’université du Wisconsin :
« Si nous comparons la position légale et sociale des femmes Mésopotamiennes et celles issues des sociétés Hébraïques, nous notons des similitudes dans la réglementation stricte de la sexualité des femmes et dans l’institutionnalisation d’un double standard sexuel dans les codes de loi.
En général, une femme juive mariée occupe une position inférieure comparée à celle de ses consœurs des sociétés Mésopotamiennes. Les femmes babyloniennes pouvaient posséder des biens, signer des contrats, entreprendre des actions judiciaires, en plus d’avoir droit à une partie de l’héritage du conjoint.
Mais nous devons également noter une nette amélioration du sort des femmes devenues mères dans l’Ancien Testament … Ceci est tout à fait conforme à l’emphase généralement placée sur la famille à titre d’unité de base de la société, phénomène également observé dans la société Mésopotamienne à l’étape de la formation de l’État. »

Un antéchrist matriarcal ?

Apocalypse de St Jean : la grande prostituée de Babylone
Dans l’apocalypse de Saint Jean, le monstre matriarcal reviendra sous l’allégorie de la grande prostituée de Babylone, chevauchant sa bête immonde, vénérée par toutes les nations, et qui sera terrassée par le retour du Christ et de sa mère la sainte vierge Marie mère de Dieu…

==> Lisez l’article de Philippe Annaba : Les dieux usurpateurs de la mythologie sumérienne

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