mercredi 30 janvier 2013

The templars.

Tartus-Tortose. Syrie
Alors que les Provençaux du comte de Toulouse assiégeaient la ville d’Arcas, deux de ses chevaliers, Raymond de Turenne et Raymond Pilet, investirent subitement la ville de Tortose en février 1099, laquelle était alors défendue par une forte garnison. Les astucieux chevaliers donnèrent le change aux assiégés sur leur infériorité numérique en allumant, le soir venu, d’innombrables feux dans la campagne environnante. Les défenseurs de Tortose, épouvantés, s’enfuirent avant l’aube, abandonnant la ville aux Croisés. Toutefois, il semble que ces derniers, continuant leur route vers Jérusalem, aient négligé d’y laisser une garnison suffisante, si bien que la ville fut peu de temps après reconquise par les Banû Ammar de Tripoli. En février 1102, Raymond de Toulouse, de retour de sa désastreuse expédition d’Anatolie et recevant le concours inespéré d’une flotte génoise de 18 vaisseaux, décida de reprendre son dû et parvint à s’emparer de la ville au bout de deux semaines de siège. Cet excellent port devait dorénavant servir de point de départ à ses chevauchées.
En 1152, Nur al-Din enleva momentanément la ville, qui fut ensuite confiée aux Templiers. En juin 1180, une flotte égyptienne attaqua Tortose, sans succès. Huit ans plus tard, du 3 au 11 juillet, Saladin saccagea la ville basse dont la population s’était enfuie, mais échoua devant le donjon que défendirent avec acharnement le Maître et les chevaliers du Temple. Ces derniers ne devaient finalement évacuer la ville que le 3 août 1291 pour un " redéploiement stratégique " sur Rouad…
De la puissante forteresse templière dressée au bord de mer, il ne reste aujourd’hui que des éléments morcelés, intégrés dans des constructions modernes. Le noyau castral était formé par deux enceintes semi- concentriques, précédées chacune de leur fossé taillé dans le roc. La tour barlongue qui commandait l’entrée de la forteresse est sans doute l’ouvrage le mieux conservé de l’ensemble ; aujourd’hui reconvertie en une mosquée dont l’hideux auvent métallique – rajouté ces dernières années – masque une croix fleuronnée sur le bossage de la clef de l’arc de la porte d’entrée.
Au sein de l’enceinte intérieure, on retrouve – non sans difficultés et un peu d’imagination – les constructions civiles templières : la chapelle, en état de ruine avancé et faisant office de cour couverte pour les habitations voisines ; la Grand’Salle des frères du Temple, aujourd’hui complètement fondue dans les constructions modernes. Pour ce qui est de l’imposant donjon, séparé des ouvrages de la citadelle par un fossé aujourd’hui comblé, il n’en reste que les talus – qui recevaient jadis le choc des vagues – et la partie basse construite en énorme appareil à bossage. Il comporte deux salles basses voûtées juxtaposées, dont l’accès est aujourd’hui condamné, au même titre que celui des galeries de contre-mine qui existent encore en sous-terrain, au niveau du fossé, obstruées par des grilles et souillées d’ordures. Ces galeries communiquaient avec la mer par une poterne, qui permettait aux navires de ravitailler les défenseurs de la forteresse.

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