mercredi 23 janvier 2013

La maison de Séneb.


La maison de Séneb

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La maison de Séneb était en effervescence depuis tôt ce matin. Ses amis étaient venus de tout le village et même des bourgs avoisinants pour l’aider à construire une annexe à sa maison. La maison de Séneb était devenue trop petite car son épouse Ibaou avait mis au monde deux vigoureux garçons, des jumeaux dont Séneb était très fier.
Voici plusieurs mois que Séneb avait patiemment façonné des briques en mélangeant de la terre avec de la paille hachée et de l’eau pour former une pâte épaisse dont il avait rempli des moules rectangulaires en bois. Il avait alors suffit de les laisser sécher sous les ardents rayons de Râ ! Seneb avait appris cette technique de son grand-père Ameny qui était briquetier et avait travaillé à l’édifications de plusieurs grands mastabas pour des notables de la province.
Il fallait alors maintenant construire cette annexe contre la maison. Les briques avaient été entreposées dans la cour et seraient amenées dans de grands paniers de roseaux tressés. Plusieurs de ses amis préparaient déjà le mortier en mélangeant de la boue, de la paille et de la poudre de tessons de poterie, que l‘on nommait communément la mouna.
Séneb était heureux, le chantier débutait à merveille.
Sur le sol en terre battue, Séneb et ses amis alignèrent d’abord une rangée de briques dans le sens de la longueur sur laquelle serait posée une seconde rangée dans le sens de la largeur sur un lit de mortier frais. Voilà qui sera solide pensa-t-il ! Rangée après rangée, les murs s’élevèrent rapidement, Séneb vérifiait régulièrement l’aplomb des murs à l’aide d’une grande équerre de bois et un fil lesté d’une pierre comme son grand-père lui avait enseigné.

La charpente serait construite à l’aide de petits troncs de palmier qui seraient assemblés pour supporter une couverture faite d’une épaisse couche de feuilles de palmier sur laquelle une couche de terre argileuse bien compactée viendrait assurer l’étanchéité de la toiture.
Deux jours avaient suffit à toute cette joyeuse équipe pour réaliser le projet de Séneb. Il lui restait encore assez de briques pour construire un petit muret autour de la petite cour de sa maison mais ce soir il allait organiser une très belle fête pour tous ces amis et pour remercier les dieux de leur bienveillance.
 
La maison égyptienne
Maison_egyptienne
Restitution d’une maison-type du village de Deil el-Médineh (aquarelle de Jean-Claude Golvin)
On ne connaît guère les habitations égyptiennes que par l’étude des maisons du village de Deir el-Médineh, le village des artisans qui bâtirent les tombeaux de la vallée des Rois. Le village se développe de part et d’autre d’une rue qui forme un axe central nord-sud et qui divise le village en deux quartiers. Les maisons occupent une superficie moyenne de 72 m2 mais les plus spacieuses atteignent 120 m2. Le village étant occupé par l’élite des artisans, il est donc imprudent de transposer ce modèle aux villages « classiques » que l’on retrouve dans toute l’Egypte. Néanmoins, ces modèles offrent une bonne approche pour se faire une idée de l’habitat égyptien.
Voici donc une description « type » d’une habitation « populaire » de taille moyenne comme nous aurions pu en croiser dans tous les villages de la vallée du Nil à l’époque pharaonique. La partie basse des murs est construite en moellons reliés entre eux par de la mounia. Sur cette embase était maçonné des murs en briques crues comme décrits dans le récit de la maison de Séneb.
Les maisons répondent presque toutes à un plan identique, correspondant à un trois-pièces-cuisine disposé en enfilade. La porte est en bois et les montants peuvent être gravés d’inscriptions mentionnant les noms et titres des occupants.

La première pièce est une salle dotée d’une petite construction encore énigmatique, baptisée « lit-clos » à cause de sa ressemblance avec les lits traditionnels bretons. Il s’agit sans doute d’un autel, sorte d’estrade rectangulaire situé à environ 80 cm de hauteur, desservi par un escalier de quelques marches étroites en briques crues. Cet édicule avait souvent un décor peint (représentations du dieu Bès, scènes intimes, scènes de danse …) évoquant la sexualité, la reproduction et la fécondité. Les murs de cette pièce étaient souvent agrémentés de niches dans lesquelles on déposait des ex-voto aux dieux familiers et aux ancêtres.
La deuxième pièce constitue la salle principale. Au centre de celle-ci, une colonnette en bois posé sur une base en pierre supporte la charpente constituée de petits troncs d’arbre ou de palmier. Une banquette basse en briques est disposée le long d’un ou deux murs de cette pièce. Le sol est en terre battue, souvent recouvert de grandes nattes de roseaux. C’est la salle commune où l’on se retrouve pour discuter, prendre les repas ou se reposer.
A la suite de cette pièce, un couloir conduit à un ou deux réduits (chambre à coucher ou débarras) et à un escalier qui mène à la terrasse. Au fond de la maison, la cuisine à ciel ouvert s’appuie sur le mur d’enceinte. Elle présente tous les éléments nécessaires : four à pain, foyer, pétrin, jarres, meules et mortiers. Une petite cave est souvent présente pour y stocker les denrées au frais, l’accès se fait par une petite entrée dans le mur de la cuisine.
Un élément fondamental des maisons égyptiennes est le toit-terrasse où les familles pouvaient respirer l’air frais lorsque le soleil déclinait à l’horizon, chacun avait ainsi la possibilité de raconter les dernières nouvelles d’une journée toujours bien remplie.
On peut visiter une maison de ce type, reconstituée virtuellement, dans le jeux Égypte II. La prophétie d’Héliopolis – 2000, Réunion des Musées Nationaux, Cryo Interactive.
  Sources Egypte vivante.

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