samedi 4 août 2012

Extrait de LA GARDIENNE DE LA 9e PORTE

... Bernard aurait aimé l’accompagner dans ses démarches au funérarium, mais Jean-Pierre l’avait devancé et cela l’agaçait. Il était surtout l’ami de Steven, mais il s’était comporté avec Sabrina, comme un ami sincère et fidèle. Sabrina savait Bernard et Steven liés par des liens francs maçonniques et templiers. Sabrina n’admettait dans son esprit que ces mots qu’elles répétaient inlassablement, ces mots qui lui promettaient l’apaisement de sa douleur et la force de survivre en attendant cet apaisement : - Ce sera bientôt terminé et je pourrai rentrer chez moi. - … Et les cendres retourneront aux cendres, la poussière à la poussière…. La voix de l’abbé pénétra son engourdissement et Sabrina saisit ce qu’il disait. Non ! S’écria-t-elle en silence. Ce n’est pas la tombe de Steven, la fosse est trop grande. Il ne peut pas être mort, ce n’est pas possible ! Sabrina détourna la tête en un sursaut, niant le trou béant et le cercueil qu’on faisait descendre. Les coups de marteau avaient laissés de petits arcs de cercle dans le bois, autour des clous qui avaient refermés le couvercle sur le visage de l’être tant aimé. - Non ! Vous ne pouvez pas faire ça, il pleut, vous ne pouvez pas le mettre là, la pluie va couler sur lui. Il est tellement frileux. Je ne peux pas regarder, je ne peux pas le supporter. Steven m’aime, il aime Simon, il ne nous laisserait pas, il sait combien nous avons besoin de lui. Sabrina regarda les gens autour de la tombe, et une bouffée de colère la brûla soudain. Aucun d’eux ne l’aime comme moi, aucun d’eux n’a autant perdu que moi. Personne ne sait combien, je l’aime. Sabrina leva le menton, en serrant les dents pour retenir les sanglots qui lui nouaient la gorge. Ce sera bientôt terminé, je pourrai rentrer chez moi et tout redeviendra comme avant, Steven va rentrer. Bernard s’était chargé de prévenir les membres de l’ordre auxquels Steven et lui appartenaient, il avait lui-même prévenu la famille de Steven, Sabrina en aurait été incapable. Elle avait paru très surprise qu’aucun d’eux n’assiste à l’enterrement de l’homme qui comptait aussi fort à ses yeux. Pas même sa famille, pas même sa famille spirituelle, comment étais-ce possible ! Steven était grand maître au sein de l’ordre, un poste très important. Il était le fils unique de son père, son successeur ! Sabrina était incapable de penser, son chagrin lui vrillait les tempes, l’étouffait. - Tous sont très occupés et aucun ne pourra se libérer pour l’enterrement. Telle avait été la réponse de Bernard, lorsqu’il avait réalisé la stupéfaction de Sabrina. Je suis chargé personnellement de faire ici bas le nécessaire pour qu’il occupe la place qu’il lui revient en haut. Sabrina n’avait jamais assisté à l’enterrement d’un templier, mais elle savait que certains rites étaient particuliers, elle avait entendu Steven en parler. Comment lui le grand maître n’y avait-il pas droit ? Comment se pouvait-il que sa famille soit absente, tous trop occupés ! Sabrina avalait sa colère. ...

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